Je jouais un rugby de haut niveau, mais j’étais tout le temps stressé, inquiet. Avant un match, j’étais toujours très nerveux, très difficile à supporter. Certaines semaines, j’étais invivable, je ne me nourrissais plus, je vivais sur les nerfs parce que j’étais obsédé par le résultat. Je voulais être « performant », c’est-à-dire tout savoir, tout maîtriser, tout analyser, tout comprendre afin d’être capable de reproduire les gestes parfaits, les courses parfaites. Heureusement, dans ce bourbier d’émotions violentes, j’ai rencontré une personne qui a bouleversé ma vie. Il s’appelait Pierre, kinésiologue « Monsieur, en quoi puis-je vous aider ? me demanda Pierre « Je veux guérir mon épaule, arrêter de fumer et je veux participer à la Coupe du monde de rugby » Nous étions en octobre 1998. Il me demanda de me décontracter et de m’installer plus confortablement sur ma chaise. En tenant mon poignet, il ajouta : « A l’âge de 14 ans, que vous est-il arrivé ? « j’ai perdu ma sœur ! » Cette révélation provoqua un véritable déclic qui allait engendrer entre lui et moi une relation hors du commun. Bien que bouleversé, je décidai de poursuivre cette première séance. ……De séance en séance, tout en interrogeant mon corps par le test musculaire, Pierre obtenait les réponses à ses questions, ou plutôt « mes » questions. L’esprit ment mais le corps exprime sa vérité. Nous sommes de formidables machines, tout notre vécu est inscrit dans nos muscles. Un muscle sous stress « déverrouille », c’est-à-dire qu’il n’a plus aucune force. Il ne tient plus. Quand il le touche et que le muscle tient bon, le kinésiologue assimile cela à une réponse « oui » ; et quand le muscle se relâche, la réponse est « non ». Le kinésiologue énumère : « A quel âge a commencé votre stress ? 1 an, 2 ans, 5 ans… 10 ans ? » Selon la réponse, le muscle se contracte ou se détend. Ce n’est pas de la voyance ! C’est une technique éprouvée, qui vient des Etats-Unis et qui n’a rien à voir avec la magie, ni le charlatanisme. Le kinésiologue, en fait, accompagne le sujet dans l’exploration de son stress. La personne est toujours maîtresse d’elle-même, elle n’est pas sous hypnose. Simplement, s’il y a un nuage devant le soleil, le kinésiologue pousse le nuage… Pierre m’a permis de comprendre, comment accepter mes bleus à l’âme, mes faiblesses, mes doutes, tout ce qui me faisait réagir avec violence ou m’abattait. Il m’a aidé à entendre et prononcer certains mots que je n’arrivais même pas à prononcer. Il a donné du sens à mes aspirations. « Au lieu d’agir uniquement par instinct, on va essayer de réfléchir … » La première découverte concernait mon gabarit : c’était vrai, j’avais peur d’être trop juste physiquement. J’avais des doutes et des complexes par rapport à mes désirs de performance dans mon sport. Pendant les séances, mes réactions étaient diverses ; cela pouvait aller du fou rire à l’envie de vomir, en passant par les larmes, l’indifférence ou le malaise. Certains mots contiennent pour chacun d’entre nous leur lot de vulgarité, d’agressivité, de dégoût. Nos réactions indiquent à quel point ces mots nous taraudent. Le mot réveille souvent le passé, à un moment que votre mémoire a englouti. Le mot a disparu mais la cicatrice est toujours là, douloureuse. Et quand vous appuyez dessus innocemment ou bien que quelqu’un appuie dessus, vous réagissez, avec excès, sans comprendre pourquoi vous êtes tout d’un coup si fragile. Imaginez une table basse, composée d’un plateau en verre posé sur deux solides piliers. Vous allez sans souci poser des livres, des DVD, amasser toutes sortes d’objets et, à un moment donné, vous allez poser une plume, une fleur, un simple stylo et tout va s’écrouler. Ce n’est pas le poids du dernier objet posé qui compte alors, c’est ce que vous avez accumulé jusque-là. A l’inverse, une bonne séance peut tout à fait désamorcer les mots qui blessent, les rendre anodins. Vous sentez alors une énergie nouvelle vous envahir, l’appétit revenir, la peur s’estomper. C’est comme une renaissance. Quand j’avais mal quelque part, là où un médecin m’aurait donné un traitement pour me soulager, Pierre m’aidait à aller chercher en moi ce que ce mal signifiait, ce qui l’avait déclenché. Quand je trouvais le lien, le mal disparaissait et j’avais la sensation de briller à nouveau. Par moment, grâce à ce travail, je ressentais pour la première fois de ma vie ce qu’était la sérénité. Très difficile à obtenir, on pourrait décrire cet état sous la forme d’un équilibre parfait entre l’intérieur et l’extérieur, entre le corps et l’esprit. C’est une sensation intime qui se glisse dans votre quotidien, vous enrobe et vous apporte un apaisement, un détachement par rapport à ce qui habituellement vous contrarie ou vous irrite. Cela dure une dizaine de secondes, mais ce sont des instants marquants. « Ecouter, comprendre et être », me répétait Pierre. Ecouter ce que les autres ou votre corps ont à vous dire, faire l’effort de la réflexion sur ces données, puis grâce à ces informations, être dans ses comportements quotidiens, fidèle à ce que l’on est à l’intérieur de soi ».

- Christophe Dominici

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